Interview de Stone Age du mercredi 28 mars 2001 (3ème émission), en compagnie de Jérome "Lachilaouet" Gueguen (chant,claviers) et Michel "Kervador" Valy (chant,basse). Les deux absents étaient Marc "de Ponkallec" Hazon (chant,batterie) et Dominique "Terracotta" Perrier (claviers)

- Quel est votre passé musical à chacun, avant de commencer l'aventure Stone Age?


Stone Age est né il y a maintenant dix ans, et avant on était quatre copains qui travaillaient ensemble pour des artistes divers dans les studios parisiens et un jour on a décidé de faire notre propre musique avec ce qu'on avait au fond du coeur. Ca fait très très longtemps qu'on se connaît, au début on était plus des musiciens de sessions ou des musiciens de groupes.
Kervador- Par exemple Marc de Ponkallec a été le batteur de Gwendal pendant une dizaine d'année, moi et Jérome on y a participé pendant trois ou quatre ans. Personnellement, j'ai commencé par la musique traditionnelle à l'accordéon avec mes tontons, près de Pontivy. Ensuite je suis passé à la basse et ma première grande tournée je l'ai faite avec Alan Stivell en 1976. Pendant trois ans, on a silloné l'Europe avec la symphonie celtique, c'est un souvenir inoubliable.


- Comment est-ce que vous définiriez Stone Age?


Déja au niveau du style, c'est inclassable. C'est parfois un reproche qu'on nous fait, pour nous c'est une qualité, mais la démarche au départ c'est de faire un groupe qui a un son pas comme les autres. Il n'y a pas deux magasins où on soit classé au même endroit: ça va du new-age à la variété internationale, world-music, musique celtique...
Au fait, notre différence vient de nos influences à chacun, ce qui fait qu'on a notre son à nous qui est nouveau mais ça vient comme ça.


- Au niveau de l'atmosphère de la musique et de tout ce qui est autour, il y a certains mystère..


Nous on travaille un peu à la manière de la Bande Dessinée, on a créé des personnnages qui sont finalement des émanations de nous même (Lachilaouet, Terracotta, Kervador, Ponkallec) qui sont une façon de se mettre dans un univers parallèle, ce qui qui est aussi une caractèristique de la culture celtique en général, et à partir de ça, on a créé les cases et le décor de ces personnages qui sont la musique: la musique, c'est autant d'images que d'histoires. Ca raconte des histoires, à la manière des albums des années 70, on fait une mise en scène musicale...
Kervador- Il y a aussi le caractère enfantin, de créer son personnage et d'en parler dans les chansons, c'est pour rigoler, c'est comme quelqu'un qui va faire du théatre, on joue un rôle. Quand je fais de la musique je me dis je suis Kervador, il faut que je fasse un morceau qui ressemble à Kervador. C'est aussi une source d'inspiration.


Impact de Stone Age au Japon


C'est vrai que nos deux premiers album ont très bien fonctionné là-bas. Il y a au Japon, avec la Bretagne une similitude du rapport entre tradition et modernité, ce qu'ils retrouvent surement dans Stone Age et ils y ont été très sensibles. Ce qui les touche c'est le rapport qu'on les musiciens breton avec leur culture et leurs racines.
Ils ont aussi des légendes qui ressemblent aux notres, par exemple ils ont une légende qui est la même que celle de la ville d'Ys. Les deux cultures japonaise et celtique ont des points communs qui font que ça les rapproche de nous.


Ambiance concert


On a pas trop fait de concert pour les deux premiers albums parce qu'on était un peu en conflit avec norte maison de disque qui ne voulait pas trop nous faire tourner. Maintenant, pour le troisième album, nous on a vraiment envie de faire des concerts, on a réussi à mettre en place un spectacle pour pouvoir jouer notre musique, ce n'était pas évident à priori de jouer note musique sur scène mais on a réussi. Ensuite, on a différentes formules suivant la taille de la salle, avec des écrans, des images... mais l'important c'est d'abord la musique. Quelque chose qui est important aussi, c'est qu'on joue tout entièrement sur scène, il n'y a pas un seul enregistrement, aucune bande, tout est joué en direct, à la main.
Pour ce qui est de l'ambiance, comme notre musique es inclassable, je cois que l'ambiance est inclassable: en un seul concert il ya tout qui se passe. Sur certains morceaux les gens sont en harmonie avec la musique ont plus envie de s'asseoir par terre, et il y a des moments où tout le monde se lève pour danser la gavotte.


- Vous avez un nouvel album, Promessa, pourquoi ce titre?


Promessa, c'est le premier morceau de l'album. On a toujours un hymne, une ouverture pour chaque album, et celui-ci il a été écrit pour une chorale, une cinquantaine de lycéens qu'on est allé enregistrer dans l'Est de la France. C'est une promesse, il est temps de s'occuper de la planète, pour laisser un héritage aux générations futur, une terre un peu plus propre. Il est temps de prendre au sérieux se problème, il y a encore trop de gens qui disent que la nature est forte, donc il faut faire cette promesse, et la tenir surtout.


Changement de maison de disque?


C'est pas vraiment un changement de maison de disque. Au départ, Stone Age a toujours été libre et producteur de sa musique. Ce qui s'est passé c'est que quand on a commencé à produire notre premier album, Sonny s'est porté acquéreur de nos bandes. Ils ont racheté notre production, on a sorti deux album, et suite à ça, sans aucun engagement, on a continué à produire notre musique, et là elle sort ailleurs que chez Sonny, mais il n'y pas de changement dans la démarche artistique.


- Les thèmes de l'album?


Il y d'abord la sauvegarde de la planète, qui est un thème que n'importe quel artiste se doit de transmettre, ensuite on est parti, suite à l'aventure des Chronovoyageurs, dans une aventure plus spatiale et plus futuriste, à travers des titres comme Orbital Kan, ou Derdumor, où on est allé rejoindre un celte perdu dans l'espace, Derdumor qui signie bien entendu le dernier du Morbihan!


- C'est important pour vous de chanter en breton et de diffuser la langue?


Kervador- Oui, bien sûr c'est capital, on a deux tiers de l'album chanté en langue bretonne, et moi je me sens personnellement concerné parce que je suis vannetais et les textes à caracteristiques vannetaise ont encore plus que les autres besoins d'être défendu et je m'en fais l'emblème.


- Votre rapport avec la musique traditionnelle bretonne?


On vient tous d'horizons différents, on est imprégnés de la musique bretonne mais on a pleins d'autres influences comme le jazz, le rythm n' blues et c'est ça qui fait notre son, il y a beaucoup de métissages.


- Comment vous composez?


On travaille parfois seul, parfois à deux, on fait des maquettes, et puis au bout du compte avant de commecer à enregistrer l'album on se retrouve avec 25 à 30 maquettes qui sont prètes et puis on commence à faire un premier choix, sur lesquel on va travailler, paufiner les textes, savoir en quelle langue ont va les chanter, et finallement, si on revient à l'image de la bande dessinée: comment on va mettre les cases dans la pages et qu'est-ce qu'on va mettre dans les bulles, ce que ça va raconter et où est-ce que ça va emmenenr celui qui va le voir ou l'entendre.
Généralement dans l'embryon du morceau, il y a une direction, et après c'est collectif et ça se passe très bien.
C'est un travail que l'on fait de façon passionée, on est complétement détaché de l'industrie du disque, on travaille souvent en vase clos, on a notre propre studio, on prend le temps qu'il nous faut, on se débrouille avec nos moyens et nos idées.


Le Keypipe?


Lachilaouet- C'est un instrument magique. On est deux à jouer du clavier dans le groupe, et on souffre que c'est un instrument qui n'est pas joli, les claviers c'est tous les mêmes, il n'y a pas de marqueterie, pas de lutherie rien du tout, et on trouvait intéressant d'inventer un instrument nouveau, c'est encore un prototype mais il fonctionne, c'est un instrument moderne parce que c'est un synthé, mais avec une nette tendance traditionelle.
Pour s'en servir, le clavier est positionné à l'envers, on a les aigue à gauche et les graves à droite et il y a tout un travail pour essayer de retrouver le système d'apogiature que l'on a dans les instruments à vent traditionnels, celtiques et autres, tous les instruments à chalumeaux en fait. Un intérêt aussi c'est qu'on peut jouer dans toutes les tonalités, on peut jouer en DO# si on veut.
C'est vraiment un instrument à vent mais pour l'instant je ne suis pas encore arrivé au top pour l'utiliser, il y a tout un tas de controlleurs, au pied et tout et ce n'est pas encore évident à jouer sur scène donc pour l'instant je ne m'en sert pas à pleine capacité. Par contre pour les disques, j'ai un système avec le Breizh Controller qui marche avec le souffle mais ça demande à être travaillé, ça reste un prototype!